Les vibrations du corps entier agitent le microbiome et réduisent l'inflammation liée au diabète, conclut cette étude surprenante de l'Université Augusta (Géorgie). Ces travaux accompagnés d’analyse de précédentes études sur le sujet, présentés dans l’International Journal of Molecular Science, ont 2 implications majeures : les bénéfices de la pratique de l’exercice physique qui induit naturellement des vibrations trouvent une nouvelle justification. Soumettre le corps à une dose de vibrations semble améliorer le métabolisme du glucose comme source d'énergie du microbiome, et réduire ainsi son inflammation.
Le diabète est caractérisé par une montée en flèche du glucose et des niveaux d'inflammation. Pour la première fois, ces chercheurs expliquent que soumettre régulièrement l’ensemble du corps à des vibrations pouvait recréer un microbiote plus sain. Ainsi, sur modèle de souris, les chercheurs du Medical College of Georgia et du Dental College of Georgia de l'Augusta University, démontrent que les vibrations transmises à l'ensemble du corps modifient significativement le microbiome, cette communauté de micro-organismes présents à l’intérieur et sur le corps, qui protège des envahisseurs. Parmi les changements constatés, l’augmentation des niveaux d’une bactérie qui fabrique des acides gras à chaîne courte et qui aide le corps à mieux utiliser le glucose. En effet, une glycémie trop élevée favorise l'inflammation, l'insensibilité à l'insuline et peut finalement entraîner un diabète.
Les vibrations soutiennent Alistipes, une bactérie intestinale bénéfique qui réduit l’inflammation
Avec les vibrations, les niveaux de cette bactérie appelée Alistipes sont multipliés par 17. Or Alistipes, est une bactérie intestinale peu abondante, mais bénéfique en raison de sa capacité à fabriquer des acides gras à chaîne courte, favorables à la réduction de l'inflammation intestinale, explique l’auteur principal, le Dr Jack Yu, chef de service de chirurgie pédiatrique. Alistipes favorise le métabolisme de nos aliments sans produire d’alcool, améliore ainsi l’équilibre métabolique de nos intestins et nous permet de mieux utiliser le glucose comme énergie.
Une bactérie combinée à des vibrations : En constatant ces premiers résultats, les chercheurs ont voulu tester une dose de la bactérie combinée à une dose plus faible de vibrations soit 10 minutes de vibrations vs 20 minutes précédemment, à raison de 5 fois par semaine. L’expérience montre une réaction bénéfique en chaîne : les niveaux d’Alistipes augmentent, le métabolisme du glucose et le mélange de macrophages aussi. Si les chercheurs ne savent pas expliquer précisément les processus sous-jacents, ils comparent ici notre microbiome, à un ensemble de couches superposées que les vibrations vont aider à réorganiser.
Les vibrations inhibent l’inflammation chez un modèle animal de diabète : inhiber l’inflammation est un objectif majeur dans la prise en charge du diabète et de nombreuses maladies courantes. Alors que l'inflammation aiguë nous aide à lutter contre les maladies, l'inflammation chronique va déclencher et « chroniciser » de nombreuses maladies, des problèmes cardiovasculaires au cancer en passant par le diabète. Les vibrations « du corps entier » pourraient-elles constituer une approche efficace (et sans danger) ? Pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont évalué les niveaux de différents macrophages, M1 qui favorisent l'inflammation et M2 qui suppriment l'inflammation sur leur modèle animal de diabète de type 2 une fois soumis au traitement par vibrations. Ils constatent qu’après vibrations, leur modèle de diabète présente plus de M2 et moins de M1. Mais ce n’est pas tout : avec l’augmentation significative du nombre de M2, ils constatent également une hausse des taux d'autres molécules anti-inflammatoires telles que la cytokine IL-10.
Les vibrations favorisent le développement des « bonnes bactéries » : L’équipe constate également de nombreux changements dans le microbiome, le plus significatif étant l'augmentation des niveaux d'Alistipes.
Des effets bénéfiques des vibrations déjà documentés : ces données sont en ligne avec les résultats de précédentes études : dans le diabète, les vibrations du corps entier ont déjà été documentées comme permettant de réduire certains symptômes dont la production excessive d’urine et la soif. Les vibrations ont également été documentées comme pouvant réduire les niveaux d'inflammation, en particulier par la modification des niveaux de certaines cellules immunitaires. Les vibrations sont enfin efficaces à réduire les niveaux de A1C (hémoglobine glyquée) un marqueur de glycémie.
Vibrations ou exercice ? Une étude de 2017 citée par les auteurs a démontré que, chez un modèle animal d'obésité et de diabète, les vibrations transmises à l'ensemble du corps sont pratiquement les mêmes que celles transmises un tapis roulant. Il n’y a donc qu’un pas entre ce traitement par vibrations et une pratique plus accessible de l’exercice.
Les chercheurs notent que si Alistipes se trouve dans les plantes et n’existe pas sous forme probiotique ni même « en yaourt ». Un développement prometteur, donc en perspective…
Source: International Journal of Molecular Science 2019 DOI :10.3390/ijms20133125 Whole Body Vibration-Induced Omental Macrophage Polarization and Fecal Microbiome Modification in a Murine Model
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