Leur pouvoir sucrant très élevé et leur apport en calories faible voire nul ont fait des édulcorants des additifs incontournables dans l’industrie alimentaire, au point de choisir de consommer « light » même en l’absence de problème de poids. Choisis pour ce bénéfice « hypocalorique », en alternative au sucre, les édulcorants artificiels non caloriques (NAS : Non-caloric artificial sweeteners) révèlent pleinement un effet métabolique délétère sur le risque d’intolérance au glucose et de diabète. Un risque médié par le microbiote intestinal, selon ces conclusions, publiées dans la revue Nature.
Si la consommation des édulcorants est aujourd'hui considérée comme sûre dans la limite de la dose journalière admissible (DJA : 40 mg/kg de poids corporel par jour- Source Anses) et bénéfique pour la population générale (hors situations spécifiques : grossesse, phénylcétonurie…), ces résultats montrent qu'une consommation « courante » entraîne le développement d'une intolérance au glucose -et accroît donc le risque de syndrome métabolique et de diabète- par modification de la composition et des fonctionnalités de la flore intestinale. Ainsi, les édulcorants artificiels, même si ils ne contiennent pas de sucre, ont néanmoins une un effet direct sur la capacité de l'organisme à utiliser le glucose.
Car l'étude révèle que certaines bactéries intestinales, exposées aux édulcorants, vont induire ces changements métaboliques. Menée déjà sur la souris, nourrie avec 3 édulcorants artificiels couramment utilisés dans les limites autorisées, l'étude constate le développement d'une intolérance au glucose, par rapport à des souris n'ayant pas reçu d'édulcorant ou même ayant reçu de l'eau sucrée.
· Les souris intolérantes au glucose, une fois traitées par antibiotiques, donc privées de la plupart de leurs bactéries intestinales voient leur métabolisme du glucose inversé.
· Une transplantation fécale de souris « nourries » avec des niveaux élevés de NAS à des souris non consommatrices va favoriser le développement des mêmes effets métaboliques délétères.
· Une caractérisation détaillée de la flore microbienne chez ces souris révèle des changements de leur flore bactérienne, dont de nouvelles fonctions microbiennes déjà connues pour favoriser l'obésité, le diabète chez les souris et les humains.
Edulcorants, microbiote et risque métabolique, la même association existe aussi chez l'Homme : Les auteurs montrent ensuite, à partir de données épidémiologiques, la même association chez l'Homme entre la consommation auto-déclarée d'édulcorants artificiels, la configuration de la flore intestinale et la propension à l'intolérance au glucose. Une expérience de consommation d'édulcorants aboutit également aux mêmes conclusions.
L'auteur principal, le Dr Eran Elinav du département d'immunologie de l'Institut Weizmann, en conclut ainsi que l'utilisation généralisée des édulcorants artificiels dans les boissons et les aliments pourrait bien avoir contribué à l'épidémie de diabète et d'obésité.
Source: Nature 17 September 2014 doi:10.1038/nature13793 Artificial sweeteners induce glucose intolerance by altering the gut microbiota (Visuels@ Weizmann Institute of Science)
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