On sait qu’un régime à base de plantes contribue à réduire le risque de maladie cardiaque. Cette équipe de la Penn State revient sur un aspect encore peu étudié de ces régimes à tendance végétarienne : leur teneur réduite en acides aminés souffrés au contraire des aliments riches en protéines, tels que les viandes, les produits laitiers, les noix et le soja. L’équipe révèle que la consommation -dans les pays riches- de ces acides aminés souffrés est près de 2,5 fois le besoin moyen estimé. Elle décrypte pourquoi leur restriction, dans notre alimentation, favorise l’équilibre métabolique, la santé et la longévité.
Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines. Parmi les acides aminés figurent les acides aminés soufrés. Le soufre entre dans la composition d’un acide aminé, la méthionine (MET), duquel dérivent tous les acides aminés soufrés dont la cystine, la taurine, la carnitine ou encore le glutathion. Ces acides aminés soufrés jouent un rôle important dans l'élimination des produits toxiques. L’apport alimentaire en acides aminés soufrés recommandé est de 15 mg / kg / jour (Food and Nutrition Board de la National Academy of Medicine).
Tous les aliments sauf les fruits, les légumes et les céréales sont riches en acides aminés souffrés !
Limiter les acides aminés soufrés est déjà documenté comme bénéfique : De nombreuses études animales ont démontré que les régimes alimentaires limitant les acides aminés soufrés étaient bénéfiques à longévité des animaux. Une étude menée chez le rat a ainsi montré qu’une restriction de 80% en Met permet d’augmenter de plus de 40% la durée de vie moyenne de l’animal. Une récente étude de la même équipe, publiée dans les Annals of the New York Academy of Sciences montre également les bénéfices chez l’Homme de la restriction de certains acides aminés, dont précisément la méthionine (MET).
Cette nouvelle étude apporte la première preuve épidémiologique qu'un apport alimentaire excessif en acides aminés soufrés peut augmenter le risque de maladies chroniques chez l'Homme.
Moins d’acides aminés souffrés, moins de risque cardio-métabolique : L’équipe a analysé les régimes alimentaires et les biomarqueurs sanguins de plus de 11.000 participants de la NHANES (National Examination and Nutritional Health Survey-3è vague). Les chercheurs ont développé un score composite de risque de maladie cardio-métabolique basé sur les niveaux de certains biomarqueurs sanguins après un jeûne de 10 à 16 heures (dont les taux de cholestérol, triglycérides, glucose et insuline). L’analyse constate que :
- après avoir pris en compte le poids corporel, l'apport moyen en acides aminés soufrés est presque 2,5 fois plus élevé que le besoin moyen estimé ;
- un apport élevé en acides aminés soufrés est associé à tous les types d'aliments, à l'exception des céréales, des légumes et des fruits ;
- les participants qui consomment plus d’aliments pauvres en acides aminés soufrés présentent un risque cardio-métabolique très réduit ;
- ce résultat persiste après prise en compte des facteurs de confusion possibles, dont l'âge, le sexe et les antécédents de diabète et d'hypertension.
Une alimentation riche en viande et en produits laitiers peut entraîner un dépassement des besoins moyens en acides aminés souffrés, remarquent les auteurs, car ces aliments contiennent des quantités plus élevées de ces acides aminés. « Les personnes qui consomment beaucoup de fruits et légumes consommeront des quantités moindres d'acides aminés soufrés. Ces résultats confirment aussi les effets bénéfiques des régimes végétaliens ou à base de plantes », conclut l’auteur principal, le chercheur Zhen Dong, diplômé du College of Medicine.
L'association entre l'apport en acides aminés soufrés et le risque de maladie cardio-métabolique est forte : ces données appellent à mener une étude longitudinale prospective évaluant l'apport en acides aminés soufrés et les résultats de santé au fil du temps.
Source: Lancet EClinical Medicine February 3, 2020 DOI : 10.1016/j.eclinm.2019.100248 Association of sulfur amino acid consumption with cardiometabolic risk factors: Cross-sectional findings from NHANES III
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