Aux États-Unis, et dans les pays riches, moins d'un adulte sur 5 atteints de diabète de type 2 maîtrise ou contrôle ses facteurs de risque cardiaque. C’est un nouveau signal d’alarme, sous forme de Déclaration scientifique de l'American Heart Association (AHA), que lance cette équipe de l’Ohio State University College of Medicine. Pourtant, il existe tout un arsenal de thérapies et d’approches fondées sur des preuves et permettant de mettre en œuvre les « bonnes pratiques » et de faire progresser le traitement du diabète de type 2 et de réduire aussi le risque de maladie cardiovasculaire (MCV).
C'est bien la conclusion et l'appel de ces experts dans Circulation, une revue de l’AHA.
La rapidité du contrôle glycémique détermine le risque cardiaque, avait récemment conclut une étude de chercheurs de l’Université de Göteborg (Suède) et d’Oxford. « Les personnes atteintes de diabète de type 2 doivent contrôler rapidement leur glycémie ». Chaque année qui passe immédiatement après le diagnostic est critique en termes de risque de crise cardiaque et de décès.
L’auteur principal, le Dr Joshua J. Joseph, chef de l’équipe de rédaction de la déclaration, professeur de médecine à la division d'endocrinologie, diabète et métabolisme de l’Ohio State University College of Medicine commente le contexte actuel : « Moins de 20 % des patients diabétiques parviennent à gérer leur risque de maladie cardiaque, et beaucoup continuent à lutter pour arrêter de fumer et perdre du poids, 2 facteurs de risque majeur de MCV ».
Soutenir les personnes atteintes de diabète de type 2 :
le « type 2 » est la forme la plus courante de diabète, elle affecte environ 10 % de la population des pays riches et 11 % de la population américaine, selon les dernières données des Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès et d'invalidité chez les personnes atteintes de diabète de type 2.
Le diabète de type 2 survient lorsque le corps est incapable d'utiliser efficacement l'insuline qu'il produit ou lorsque le pancréas perd sa capacité à produire de l'insuline. Les personnes atteintes de DT2 présentent souvent d'autres facteurs de risque de maladie cardiovasculaire, notamment le surpoids ou l'obésité, l'hypertension artérielle ou l'hypercholestérolémie.
Les personnes diabétiques ont un risque multiplié par 2 de décès de cause cardiovasculaire.
Cette méta-analyse réactualisée des essais cliniques publiés jusqu'en juin 2020, rappelle les principales mesures à mettre en œuvre pour réduire le risque de MCV chez les personnes diabétiques de type 2, soit :
- la gestion de la glycémie,
- la gestion de la pression artérielle ;
- le contrôle des taux de cholestérol ;
- l’augmentation de l'activité physique ;
- le choix d’une alimentation saine;
- la prévention de l'obésité et la gestion voire le maintien du poids de santé ;
- l’absence de tabagisme ;
- l’absence d’excès d’alcool ;
- le recours, si besoin, aux soins psychosociaux.
- Une adhésion à un mode de vie sain chez les personnes diabétiques est associée à un risque considérablement réduit de MCV et de décès par MCV.
Quelques « grands » constats :
- moins d'1 adulte sur 5 atteint de diabète de type 2 non diagnostiqué avec une maladie cardiovasculaire atteint ces objectifs (ne pas fumer, contrôler sa glycémie, sa pression artérielle, son cholestérol LDL) ;
- jusqu'à 90 % des facteurs permettant de gérer efficacement les maladies cardiovasculaires avec un diabète de type A2 font partie du mode de vie et sont donc des facteurs modifiables ;
- une prise de décision partagée entre le patient et le médecin est essentielle pour gérer avec succès le diabète et les MCV. Un plan de soins complet du diabète doit être adapté en fonction des risques et des avantages de chaque patient, et en tenant compte de ses préférences ;
- l’accès aux soins et au soutien aux comportements de mode de vie comme l'activité physique, la nutrition, l'abandon du tabac et la gestion du stress est une condition clé de la réduction chez ces patients, du risque de MCV.
- certains médicaments hypoglycémiants peuvent également réduire le risque de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral, d'insuffisance cardiaque ou de décès cardiovasculaire :
- Les agonistes des GPL1 : « Il a été démontré que les agonistes des récepteurs GLP-1 (glucagon-like peptide-1) améliorent la glycémie et le poids, et ont changé la donne en réduisant le risque de maladie cardiaque, d'accident vasculaire cérébral, d'insuffisance cardiaque et de maladie rénale. Les médicaments GLP-1 stimulent la libération d'insuline pour contrôler la glycémie, réduisent également l'appétit ce qui peut aider à la gestion ou à la perte de poids ».
- les inhibiteurs du SGLT-2 (co-transporteur sodium-glucose 2) (canaglifozine, dapagliflozine, ertugliflozine et empagliflozine) se sont également avérés efficaces pour réduire les risques de MCV et de maladie rénale chronique. Les inhibiteurs du SGLT-2 incitent les reins à éliminer l'excès de glucose par l'urine, ce qui réduit le risque d'insuffisance cardiaque et ralentit la diminution de la fonction rénale, une dysfonction courante chez les personnes diabétiques de type 2.
- les approches individualisées pour traiter l'hypertension artérielle ont été démontrées comme les meilleures. Il s’agit de minimiser les effets secondaires du traitement de l'hypertension et d'éviter de sur-traiter les patients fragiles ;
- les statines restent la première ligne de traitement hypolipémiant mais d'autres types de médicaments peuvent être envisagés pour les personnes intolérantes aux statines ou qui n'atteignent pas leurs cibles de cholestérol LDL avec une statine ;
- enfin, il faudrait « repenser » l’utilisation de l’aspirine : les personnes âgées de 65 ans et plus atteintes de diabète de type 2 sont plus susceptibles de prendre quotidiennement de l'aspirine à faible dose pour aider à prévenir les maladies cardiovasculaires. Cependant, il est peut-être temps de vérifier si l'aspirine quotidienne à faible dose est toujours appropriée. De récentes recherches suggérant un risque accru de saignement majeur et des médicaments antiplaquettaires plus récents et plus puissants pouvant, dans certains cas, être plus efficaces.
La déclaration renforce ainsi toute l'importance d'une approche globale, multidisciplinaire et individualisée
pour parvenir à réduire le risque de MCV chez les personnes atteintes de diabète de type 2.
Des soins optimaux devraient intégrer des interventions visant un mode de vie sain, des médicaments et/ou des traitements personnalisés, y compris la chirurgie bariatrique le cas échéant.
Source: Circulation 10 Jan, 2022 DOI: 10.1161/CIR.0000000000001040 Comprehensive Management of Cardiovascular Risk Factors for Adults With Type 2 Diabetes: A Scientific Statement From the American Heart Association
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