Ce diabète tout juste diagnostiqué chez de nombreux patients hospitalisés pour COVID-19 et généralement transitoire est-il une cause sous-jacente de COVID plus sévère ou a contrario un une résistance à l’insuline exacerbée temporairement par l’infection ? Cette équipe de cliniciens du Massachusetts General Hospital (MGH) a cherché à mieux comprendre l’étiologie de ces cas fréquents de diabète « d’apparition récente » chez les patients hospitalisés pour COVID. L’étude, publiée dans le Journal of Diabetes and its Complications, penche plutôt pour un compromis : un déséquilibre glycémique préexistant exacerbé par le stress et l’inflammation liés à la maladie COVID.
Des taux élevés de « diabète de type 2 nouvellement diagnostiqué », sont signalés parmi les patients hospitalisés pour un COVID-19 dans le monde entier. Cependant, on ne sait toujours pas si ce phénomène tient à un développement de « nouveau » diabète ou à des cas jusque-là non diagnostiqués. On ignore également quelle peut être la cause de ces glycémies élevées et si la glycémie des patients s'améliore systématiquement après la résolution de l'infection au COVID-19. On sait juste que le diabète préexistant est associé, en cas d’infection COVID, à des taux plus élevés d'hospitalisation, d'admission en unité de soins intensifs (USI), de ventilation mécanique et de décès.
Stress lié à l’infection ? De nombreux patients COVID-19 tout juste diagnostiqués avec le diabète lors de leur admission à l’hôpital pour un COVID, développent une forme temporaire de la maladie. Cette étude suggère un épisode de déséquilibre glycémique lié au stress aigu de l’infection virale qui laisse rapidement place au retour à une glycémie normale peu après la sortie de l’hôpital.
Prédiabète non diagnostiqué ? Cependant, ces patients COVID à épisode glycémique sont plus susceptibles d'être plus jeunes et plus vulnérables en moyenne (Medicaid ou non assurés) ce qui suggère aussi que bon nombre de ces cas « d’apparition récente » pourraient s’expliquer par un diabète préexistant non diagnostiqué chez des patients ayant un accès plus limité aux services de santé.
Les auteurs font plutôt l’hypothèse que
« le stress inflammatoire causé par le COVID-19 pourrait être un déclencheur de ce diabète d'apparition récente ou préexistant ».
Ainsi, l’auteur principal, le Dr Sara Cromer, chercheur en endocrinologie, diabète et métabolisme au MGH ajoute : « Au lieu de provoquer directement le diabète, le COVID-19 peut exacerber un diabète préexistant mais non diagnostiqué jusque-là ». Ainsi, l’étude menée auprès de 594 participants présentant des signes de diabète lors de leur admission, mais dont 78 n'avaient aucun diagnostic connu de diabète, révèle :
- des marqueurs inflammatoires plus élevés chez ces patients, plus susceptibles d’être pris en charge en USI que les patients COVID-19 atteints de diabète préexistant et préalablement diagnostiqués ;
- des niveaux de sucre dans le sang, moins élevés que chez les participants diabétiques dûment diagnostiqués, mais des formes plus sévères de COVID-19 ;
- enfin, un retour à une glycémie normale pour environ la moitié d’entre eux à la sortie de l’hôpital ;
- seulement 8% de ces participants ont besoin d'insuline après un an.
Cela suggère que ce diabète nouvellement diagnostiqué chez de nombreux patients « COVID » peut être une condition transitoire liée au stress aigu de l'infection. Ce stress pourrait renforcer la résistance à l'insuline ou l'incapacité des cellules à absorber correctement le sucre dans le sang en réponse à l'insuline.
En conclusion, l’infection COVID induit aussi une résistance aiguë à l'insuline,
favorisant un mécanisme sous-jacent conduisant au diabète. C’est pourquoi aussi, la plupart de ces patients n’ont pas besoin d'insuline à long terme.
Des données qui prêtent également à réfléchir sur le facteur « diabète » systématiquement invoqué dans la sévérité de l’infection COVID.
Source: Journal of Diabetes and its Complications 4 Feb, 2022 DOI: 10.1016/j.jdiacomp.2022.108145 Newly diagnosed diabetes vs. pre-existing diabetes upon admission for COVID-19: Associated factors, short-term outcomes, and long-term glycemic phenotypes
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