Cette équipe de l’Université de Leiden (Pays-Bas), révèle que la pratique de l’activité physique l'après-midi ou le soir est liée plus fortement à une diminution de la résistance à l'insuline et donc à un meilleur contrôle de la glycémie. Ces conclusions, présentées dans la revue Diabetologia nous apprennent qu’en revanche une activité physique matinale n'offrirait aucun avantage pour la prévention des troubles métaboliques…
La pandémie mondiale d'obésité actuelle est en partie le résultat d'un manque d'activité physique combiné à une forte sédentarité avec une station assise prolongée pendant la journée et ces mêmes comportements sont résolument liés à un risque accru de maladies métaboliques, notamment de diabète de type 2. De précédentes recherches ont montré que de courtes pauses dans le comportement sédentaire peuvent permettre d’améliorer le profil cardiométabolique. Des études expérimentales ont ainsi suggéré que des interruptions fréquentes d'une position assise prolongée avec de courtes séquences d’activité physique debout permettent une baisse des taux de triglycérol et une réduction de la glycémie, soit une amélioration du profil glycémique.
Les taux élevés de triacylglycérols sériques à jeun sont liés à des concentrations plus élevées de graisses dans le foie, une situation elle-même associée à la résistance à l'insuline. La littérature a également démontré que l'exercice est lié à une réduction de la graisse du foie et à une meilleure sensibilité à l'insuline. Les auteurs ont donc émis l'hypothèse que faire de petites pauses dans un comportement sédentaire peut réduire la graisse du foie, réduire la résistance à l'insuline et, finalement, prévenir le développement d’un diabète de type 2.
A quel moment pratiquer l'activité physique ? Les études in vitro et in vivo sur des modèles animaux ont révélé des changements dépendant de la journée dans l’efficacité de l’exercice et ses effets sur les marqueurs de risque métabolique associés, mais peu d'études ont été réalisées chez l'Homme sur le sujet. L'équipe a donc étudié les associations possibles entre le moment de la pratique de l'activité physique, le taux de graisse du foie et la résistance à l'insuline.
Le moment de l’exercice est déterminant pour les graisses hépatiques et la glycémie
L’étude a analysé les données de la Netherlands Epidemiology of Obesity (NEO) study, une cohorte prospective en population portant justement sur les processus impliqués dans le développement des comorbidités de l'obésité. 6.671 participants âgés de 45 à 65 ans avec indice de masse corporelle (IMC) autodéclaré de 27 kg/m2 ou plus ont passé un examen physique au cours et un prélèvement sanguin, afin de mesurer les taux de glycémie et d'insuline à jeun et postprandiaux (après les repas). Les données démographiques, de mode de vie et cliniques ont été obtenues via questionnaire. 35% des participants ont passé une IRM afin d’évaluer leur taux de graisse hépatique. 955 des 6.671 participants ont également été équipés d’un accéléromètre et d’un moniteur de fréquence cardiaque durant 4 jours et 4 nuits afin d’évaluer l'activité. Des mesures d'accélération et de fréquence cardiaque ont été utilisées pour estimer la dépense énergétique de l'activité physique. Enfin, les périodes sédentaires (à l'exclusion du sommeil) ont été définies comme étant ≤ 1,5 MET. La journée a été divisée en 3 périodes : matin (06h00-12h00) ; après-midi (12h00-18h00); soir (18h00-24h00). L’analyse, après ajustement des facteurs de confusion possibles, dont l'âge, le sexe, l'origine ethnique et la graisse corporelle totale, que
- une dépense énergétique totale liée à l’activité plus élevée et en particulier une activité physique d’intensité modérée ou plus, sont associées à la fois à une réduction de la teneur en graisse du foie et de la résistance à l'insuline ;
- il existe une association significative entre la résistance à l’insuline et le moment de la pratique de l’activité physique, au cours de la journée : la pratique l'après-midi ou le soir était liée à une réduction plus forte de la résistance à l'insuline, de 18 % et 25 % respectivement, par rapport à une répartition uniforme de l'activité tout au long de la journée, même après ajustement pour le montant total d’activité pratiquée ;
- aucune différence significative dans la résistance à l'insuline n’est constatée avec une pratique de l'activité matinale ou une activité répartie uniformément tout au long de la journée.
- Ni la durée de sédentarité ni le nombre de pauses dans le comportement sédentaire « n’améliorent » l’association de l’activité avec le taux de graisse du foie ou la résistance à l'insuline.
Le moment de l'activité physique, contrairement à la « chrononutrition » ou à la « chronothérapie »,
reste un domaine médical relativement inexploré. On sait cependant que la force musculaire et que la fonction métabolique des cellules musculaires squelettiques suivent un pic en fin d'après-midi, qui pourrait signifier une réponse métabolique plus prononcée, que l'activité plus tôt dans la journée.
En conclusion, au-delà de la quantité d’activité pratiquée chaque jour, le moment de la pratique compte pour ses effets bénéfiques contre la résistance à l’insuline : effectuer la plupart de son exercice l'après-midi ou le soir est bien associé à une résistance à l'insuline réduite jusqu'à 25 % par rapport à une pratique uniforme tout au long de la journée. Mais ce qui compte aussi, rappellent les auteurs, c'est déjà de pratiquer !
Source: Diabetologia 1 Nov, 2022 DOI: 10.1007/s00125-022-05813-3 Timing of physical activity in relation to liver fat content and insulin resistance