De nombreuses études ont porté sur ce paradoxe de l’obésité, une obésité qui ne serait pas associée à de mauvais résultats de santé ou à des comorbidités. Cette nouvelle étude, présentée 3 octobre 2023 à la Réunion annuelle de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) vient d’explorer les dernières données sur ce concept d’obésité métaboliquement saine.
Environ 15 à 20 % des personnes souffrant d'obésité ne présentent aucune des complications métaboliques associées ou comorbidités soit un contrôle anormal de la glycémie et des graisses dans le sang, une hypertension artérielle, un diabète de type 2 et d'autres signes de maladies cardiovasculaires. L’auteur principal, le Dr Matthias Blüher, Pr à l’Université de Leipzig, explique comment définir cette forme d’obésité saine et repose à nouveau la question :
L'obésité peut-elle vraiment être métaboliquement saine ?
Quelques chiffres : Les estimations suggèrent :
- une prévalence globale de 15 à 20 % de l’obésité métaboliquement saine (OMS) ;
- une prévalence différente chez les hommes et les femmes, les femmes souffrant d’obésité étant plus susceptibles de présenter une OMS (7 à 28 %) vs les hommes (2 à 19 %) ;
- en revanche, environ 50 % des personnes obèses souffrent d’au moins 2 complications ;
- pour une masse grasse totale donnée, les personnes atteintes d’OMS présentent ont une masse grasse hépatique inférieure à celle attendue pour leur IMC et leur masse grasse totale.
Quels sont les signes d’une OMS ? Le comportement du tissu adipeux chez les personnes obèses, plutôt que de leur indice de masse corporelle, détermine la nature de l’obésité :
- les personnes présentant des adipocytes (cellules de stockage de graisse) de taille normale sont moins susceptibles de présenter des complications de l'obésité ;
- les personnes avec adipocytes hypertrophiés et inflammation du tissu adipeux ont un risque plus élevé de résistance à l'insuline et donc de complications métaboliques ;
- le mode de stockage des graisses est déterminant : la graisse viscérale ou stockée autour des organes comme le foie est associée à un risque accru de diabète de type 2 vs un stockage des graisses plus uniformément réparti dans le corps ;
- un dysfonctionnement du tissu adipeux peut endommager les tissus, induire une fibrose, une sécrétion de molécules pro-inflammatoires et adipogènes et finalement des lésions des organes cibles : par exemple, les adipokines libérées par les graisses peuvent agir directement sur les cellules du système vasculaire et conduire à l’athérosclérose. Des métabolites tels que les acides gras peuvent altérer la fonction du foie ou des cellules productrices d'insuline dans le pancréas.
Alors, une obésité peut-elle véritablement être qualifiée de saine ? L’analyse conclut que plusieurs études montrent que par rapport aux personnes de poids normal sans comorbidités métaboliques, les personnes vivant avec une obésité sans comorbidités métaboliques ont tout de même un risque accru de 50 % de maladie coronarienne.
« Il existe donc toujours un risque résiduel accru pour les personnes souffrant d’obésité, même en cas d’obésité métaboliquement saine ».
En conclusion, il existe des personnes obèses qui ne souffrent pas de complications cardio-métaboliques à un moment donné. Cependant, même en l’absence d’autres facteurs de risque cardio-métaboliques, l’augmentation de la masse grasse et le dysfonctionnement du tissu adipeux contribuent à un risque plus élevé de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires.
Par conséquent, la gestion du poids et les recommandations en matière de perte de poids restent importantes pour les personnes vivant avec une obésité métaboliquement saine.
Source: Annual Meeting of the European Association for the Study of Diabetes (EASD) 3 Oct, 2023 session S24 Metabolically healthy obesity: fact or fiction? et Diabetologia (In Press)
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