La solitude a déjà été fréquemment associée à la maladie mentale, dont les troubles anxieux et la dépression, moins souvent à la maladie métabolique. Cette nouvelle étude menée à la Western Norway University of Applied Sciences (Bergen) associe la solitude à un risque de diabète multiplié par 2. L’analyse, publiée dans la revue Diabetologia, décrypte la cascade d’événements et de comportements de la solitude à la résistance à l’insuline.
La recherche examine à la fois les facteurs biologiques mais aussi psychologiques et comportementaux qui peuvent éclairer cette association. Ainsi, les chercheurs norvégiens ont regardé si la dépression et l'insomnie, des conditions fréquemment associées à la solitude, pouvaient jouer un rôle dans le développement du diabète de type 2. Par ailleurs, et à l’instar de nombreuses recherches, l’étude décrypte le lien entre le stress psychologique de la solitude, un état de détresse et de stress chronique, des niveaux plus élevés de cortisol et la résistance à l'insuline.
2 voies, comportementale et biologique
La solitude a également un impact sur le comportement alimentaire et sa régulation par le cerveau. Ainsi, de nombreuses personnes qui souffrent de solitude ont une appétence plus aiguë pour les glucides ce qui induit une augmentation des niveaux de sucre dans le sang. De précédentes études ont plus largement souligné l’association entre la solitude et une mauvaise alimentation, dont une consommation plus élevée d'aliments riches en sucres et en graisses.
L’étude analyse la base de données HUNT, qui réunit les données autodéclarées, issues d'examens médicaux et d’analyses d'échantillons sanguins de plus de 230.000 participants. Après exclusion des personnes souffrant de troubles métaboliques, l’analyse a porté précisément sur les données de 24.024 participants, dont le degré de solitude avait été évalué par une précédente vague d’enquête (HUNT2) à l’aide d’une échelle en 4 points. La gravité des symptômes de dépression avait été évaluée à l'aide d'un questionnaire rempli au cours de la vague HUNT3. Les symptômes d’insomnie ont également été pris en compte. Sur 24.024 participants,
- 4,9 % ont développé un diabète de type 2 au cours du suivi de l'étude de 34 ans (1995-2019) ;
- Ces participants ayant développé un diabète étaient susceptibles d'être des hommes (59 % vs 44 %), d’âge moyen plus élevé (48 ans vs 43 ans), d'être mariés (73 % contre 68 %) et d'avoir un faible niveau d’études ;
- des sentiments de solitude ont été signalés par 13 % des participants ;
- des niveaux plus élevés de solitude au départ s’avèrent fortement associés à un risque plus élevé de diabète de type 2, 20 années plus tard ;
- après ajustement avec les facteurs de confusion possibles, dont l'âge, le sexe et le niveau d'études, ils les participants ayant déclaré des niveaux élevés de solitude s’avèrent 2 fois plus susceptibles de développer un diabète de type 2 ;
- cette relation n'est pas modifiée par la présence de dépression, d'insomnie ou d’autre trouble du sommeil.
Les chercheurs ajoutent que,
- le soutien social peut avoir des effets positifs sur les comportements de santé et, en particulier, un effet positif sur l’alimentation, le niveau d'activité physique et le stress perçu. La pauvreté des liens sociaux rend indiscutablement les personnes seules plus vulnérables aux comportements favorisant le développement du diabète ;
- certains mécanismes biologiques comme l’élévation des niveaux de cortisol sont également en jeu.
Ces 2 voies comportementale et biologique, interagissent pour contribuer à ce risque accru de diabète de type 2.
Si l’analyse penche plutôt pour des déclencheurs comportementaux, elle met ainsi en exergue des facteurs évitables grâce à des interventions de soutien social.
Source: Diabetologia 28 September 2022 DOI : 10.1007/s00125-022-05791-6 Loneliness increases the risk of type 2 diabetes: a 20 year follow-up – results from the HUNT study
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