Ces scientifiques de City of Hope (Californie) et du Mount Sinai (New York) sont les premiers à démontrer qu'un traitement combiné, -qui comprend un agoniste du GLP-1– peut augmenter les cellules productrices d'insuline humaine in vivo et à ouvrir ainsi un immense espoir pour les patients diabétiques contraints à des injections quotidiennes. La recherche, publiée dans la revue Science Translational Medicine constitue ainsi une avancée spectaculaire vers les thérapies visant à régénérer les cellules bêta.
Il s’agit ici d’une étude préclinique, menée sur de nouveaux modèles animaux, utilisant des cellules bêta de donateurs, et qui démontre la capacité d’une combinaison thérapeutique à régénérer ces cellules bêta productrices d'insuline humaine.
Cultiver ou produire de nouvelles cellules bêta serait une option thérapeutique de choix pour les 10 % de la population adulte mondiale qui souffrent de diabète, une maladie définie par une glycémie élevée. Dans les diabètes de type 1 et de type 2, c’est bien la réduction de la quantité et de la qualité des cellules bêta productrices d’insuline qui entraîne une glycémie élevée. Malheureusement, aucun des nombreux traitements contre le diabète, couramment utilisés, n’est capable d’augmenter le nombre de cellules bêta humaines et donc d’inverser complètement le diabète.
Vers une thérapie régénérative des cellules bêta
Heureusement, la plupart des patients diabétiques possèdent des cellules bêta résiduelles, c’est ce qui a incité l’équipe à rechercher des moyens de restaurer leur nombre. L'équipe avait précédemment montré que plusieurs inhibiteurs différents d'une enzyme dans les cellules bêta appelée DYRK1A peuvent induire la prolifération de cellules bêta humaines adultes dans une boîte de culture tissulaire pendant quelques jours. Mais c’est la première étude à démontrer la faisabilité d’augmenter le nombre de cellules bêta humaines in vivo.
L’étude regarde précisément les effets de l’harmine, un produit naturel présent dans certaines plantes, associée à une classe largement utilisée de traitements contre le diabète de type 2, les agonistes des récepteurs GLP-1. Les chercheurs ont transplanté un petit nombre de cellules bêta humaines chez des souris dépourvues de système immunitaire, modèles standard de diabète de type 1 et de type 2. L’expérience révèle que :
- chez ces souris traitées avec la thérapie combinée, le diabète a été rapidement inversé ;
- le nombre de cellules bêta humaines a augmenté de 700 % en 3 mois.
L’un des auteurs principaux, le Dr Dr Garcia-Ocaña, relève : « C’est le premier traitement qui augmente le nombre de cellules bêta humaines adultes in vivo. Cette recherche apporte de l’espoir de futures thérapies régénératives permettant de traiter des centaines de millions de personnes diabétiques ».
L’étude ouvre ainsi la voie aux inhibiteurs de DYRK1A et aux essais cliniques sur l'Homme.
Source: Science Translational Medicine 10 July, 2024 DOI : 10.1126/scitranslmed.adg3456 Harmine and exendin-4 combination therapy safely expands human β cell mass in vivo in a mouse xenograft system
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