Le rôle du fructose dans le développement de l'obésité et les maladies du foie reste controversé. Ce sucre « simple », présent naturellement dans les fruits est souvent préféré par les scientifiques à d’autres sucres, mais aussi ajouté dans certains aliments préparés ou boissons sucrées, sous forme de sirop de maïs, ses effets restent discutés. Cette étude du Wake Forest Baptist Medical Center menée sur l’animal montre que le fructose entraîne rapidement des dommages au foie, même sans gain de poids. Les conclusions de cette étude sont publiées dans l’American Journal of Clinical Nutrition.
Les chercheurs constatent ainsi, sur des singes, que 6 semaines de régime riche en fructose a plus que doublé les dommages au foie par à un groupe témoin nourri avec un faible apport en fructose.
Le Dr Kylie Kavanagh, professeur de médecine au Wake Forest Baptist, auteur principal de l'étude, alerte sur la rapidité avec laquelle le foie est affecté et sur l'ampleur des dommages, précisant que 6 semaines chez le singe c'est l'équivalent de 3 mois chez l'Homme.
Excès alimentaires ou fructose ?
· Dans une étude précédente, la même équipe avait suivi durant 7 ans, des singes autorisés à manger autant qu'ils voulaient, de la nourriture allégée en graisses mais avec du fructose ajouté. Ces singes avaient montré un risque multiplié par 3 de diabète et accusé un gain de poids 50% plus élevé que le groupe de contrôle, nourri avec des apports faibles en fructose. Leur risque de stéatose hépatique était également significativement plus élevé.
· La nouvelle étude, menée sur 10 singes d'âge moyen et de poids normal qui n'avaient jamais consommé de fructose, répartis en 2 groupes appariés pour la corpulence, nourris, l'un avec un régime hypocalorique comportant 24% de fructose, l'autre avec un régime hypocalorique avec 0,5% de fructose, montre au bout de 6 semaines,
chez les singes du groupe « fructose »,
– des dommages au foie sans gain de poids,
– une migration rapide et de 30% plus élevée des bactéries vers le foie, suggérant une moindre capacité protectrice des intestins.
Ces sucres ajoutés vont favoriser la sortie des bactéries des intestins, vers le sang pour finalement endommager le foie, expliquent les auteurs. Des résultats qui ont des implications cliniques alors que la plupart des médecins et des scientifiques pensent que la graisse est généralement responsable de ce type d'effets. La prochaine étude est déjà programmée et devrait porter sur un comparatif fructose/glucose, sur une période plus longue.
Source: Am J Clin Nutr August 2013 doi: 10.3945/ajcn.112.057331 Dietary fructose induces endotoxemia and hepatic injury in calorically controlled primates (Visuel © Michael Gray – Fotolia.com)