La science et cette équipe de nutritionnistes du Pennington Biomedical Research Center (Bârton-Rouge) en particulier, se rapprochent d'un régime optimal pour la santé métabolique sans privation ou restriction calorique : il s’agit plutôt ici d’une restriction en méthionine via la caséine oxydée et ce régime apparaît aussi efficace qu’un régime alimentaire globalement restreint en méthionine. Cette recherche, publiée dans la revue iScience, reprend le concept de restriction en acides aminés souffrés, avec l’objectif d’aboutir à des aliments consommables : car les aliments à faible teneur en méthionine ont très mauvais goût !
Près d’un million de personnes souffrent aujourd’hui d’obésité dans le monde. Aux Etats-Unis, plus des deux tiers des personnes sont en surpoids ou souffrent d'obésité, plus de 40% souffrent de prédiabète ou de diabète de type 2.
On sait déjà que la restriction de certains acides aminés souffrés, c’est-à-dire dans la composition desquels entre le souffre, pourrait constituer une nouvelle approche diététique. Le soufre entre dans la composition de cet acide aminé, la méthionine, comme dans les autres acides aminés soufrés dont la cystine, la taurine, la carnitine ou encore le glutathion. Ces acides aminés soufrés jouent un rôle important dans l'élimination des produits toxiques. De précédentes études menées chez l’animal ont montré que la restriction en acides aminés soufrés permet de prolonger la longévité.
Mais voilà, « le problème est que les régimes à faible teneur en méthionine sont très difficiles à suivre parce qu'ils ont un très mauvais goût »,
explique l’auteur principal, Thomas W. Gettys, un spécialiste des adipocytes. Autre défi, la restriction de la méthionine implique un régime riche en autres acides aminés essentiels. Bref, parvenir à un régime observable au moins sur une durée limitée, aurait un impact bénéfique énorme en santé publique, commente le chercheur Han Fang, auteur principal de l'étude.
Le régime en question consiste à restreindre les apports de l’acide aminé méthionine dans l'alimentation et il produit des améliorations immédiates et durables de presque tous les biomarqueurs de la santé métabolique. La recherche suggère même que le régime pourrait -tout comme la restriction calorique, freiner le processus de vieillissement. Rappelons, que les oeufs et la viande sont des aliments particulièrement riches en méthionine.
Supprimer sélectivement la méthionine de la caséine : l'équipe a travaillé au développement de méthodes permettant déjà de supprimer sélectivement la méthionine de la caséine, la principale protéine du lait et du fromage. Puis les chercheurs ont effectué différents tests d’aliments restreints en méthionine mais développés de manière à ne pas avoir ce goût désagréable. Testé à ce stade chez la souris, le régime restreint en méthionine avec la caséine oxydée est aussi efficace à réduire les marqueurs de risque métabolique, qu’un régime globalement restreint en méthionine. Et il n’est pas « boudé » par la souris.
2 défis, le goût et la carence en protéines : ces premières données d’étude préclinique promettent une avancée majeure mais il reste de nombreuses améliorations et recherches pour produire un régime alimentaire humain restreint en méthionine, mais sans risque de carences en protéines. Un régime alimentaire restreint en méthionine mais appétent pourrait également aider les personnes qui ont du mal à gérer leur poids ou à maintenir une perte de poids après un régime de restriction calorique.
Si des aliments « goûteux » sans méthionine ne sont pas pour demain, l’équipe travaille à développer un « cocktail » de protéines modifiées, au goût agréable, qui formeront la base d’un nouveau régime thérapeutique, pauvre en méthionine, à suivre sur une durée limitée et sous surveillance médicale.
Source: iScience April 24, 2021 DOI: 10.1016/j.isci.2021.102470 Implementation of dietary methionine restriction using casein after selective, oxidative deletion of methionine
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